« On peut estimer que les répercussions de la pandémie de COVID-19 ont entraîné une augmentation de l’inégalité des richesses ». Le constat du Global Wealth Report (rapport global sur les richesses) de Credit Suisse est sans appel : les riches sont devenu-es encore plus riches, tandis que celles et ceux qui ne sont pas millionnaires ont vu leur fortune stagner ou diminuer.
Si même une banque comme Credit Suisse doit le reconnaître, c’est le signe que les inégalités de la répartition des richesses commencent à être reconnues comme un problème global.
Le haut de la pyramide s’enrichit
Commençons par le haut de la pyramide : le 1% le plus riche de la population mondiale a vu sa fortune augmenter ces dernières années. Le nombre de personnes possédant plus de 50 millions de dollars a même doublé en deux ans. Au même moment, les prévisions pour les foyers moyens ne sont pas bonnes : en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêts, l’augmentation de leur fortune ne devrait pas être aussi rapide ces prochaines années.
Cela devrait permettre aux inégalités de continuer à s’accentuer, comme le confirme le Global Wealth Report :
« Quelle que soit la norme, les inégalités de richesse sont élevées dans tous les pays et exceptionnellement élevées dans certains d’entre eux. »
Les statistiques fournies par le rapport sont claires : les 50 % les moins riches de la population ne possèdent que 1 % de la richesse totale. Cela contraste fortement les 10 % les plus riches, qui possèdent 82 % de toute la richesse mondiale.
La Suisse au même rang que le Mexique et la Russie
La Suisse, elle, est bien un pays riche. Mais cette richesse est elle aussi répartie de manière inégale. Un rapport du Conseil fédéral, publié en décembre 2022, en donne un aperçu : entre 2005 et 2018, la part de la fortune des ultra-riches (le 1 % le plus riche) est passée de 38 à 44 % de la fortune totale du pays.
Marius Brühlart, professeur d’économie à l’Université de Lausanne, estime même que la répartition des richesses en Suisse est particulièrement inégale d’un point de vue mondial. Selon l’économiste, la Suisse se situe au même rang que des pays comme le Mexique ou la Russie.
Le PS fait empêcher de nouveaux privilèges pour les plus riches
En Suisse, les partis de droite et du centre ont tenté à plusieurs reprises d’offrir de nouveaux privilèges aux personnes les plus riches. Des déductions fiscales pour les frais de garde de plus fortuné-es ou encore la suppression du droit de timbre et de l’impôt anticipé étaient au programme. À trois reprises, le Parti socialiste et les syndicats ont lancé des référendums contre ces nouveaux privilèges et ont été suivis à chaque fois par une majorité de la population et des cantons.
Malgré l’augmentation des inégalités, de nouveaux privilèges sont en préparation pour les super-riches. La majorité de droite du Parlement a par exemple décidé d’affaiblir les droits des locataires en rendant plus facile la résiliation des contrats de bail. Là aussi, le PS et l’Asloca ont annoncé qu’ils lanceront le référendum.
L’abolition de la valeur locative, elle aussi adoptée au Conseil national, permettra également à une très petite minorité de personnes fortunées de bénéficier de nouvelles déductions, pouvant conduire à des pertes fiscales de près de 2 milliards de francs. « C’est un désastre financier au profit des propriétaires, qui sont déjà privilégiés », a déclaré à ce sujet le vice-président du PS Suisse Samuel Bendahan. Un référendum est aussi envisagé contre cette décision.