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« Trop d’étrangers arrivent et pas les bons ! »

Votre oncle entame la discussion avec un slogan de l’UDC — l’attaque classique contre les requérant-es d’asile. Il suggère ainsi que les personnes qui demandent l’asile en Suisse n’ont en réalité aucune raison de fuir leur pays et que les personnes issues de l’immigration en Suisse n’apportent rien à la société.
Voici ce que vous pouvez lui répondre : comme souvent, un regard objectif sur les statistiques peut être utile. Celles-ci montrent clairement que l’immigration des requérant-es d’asile n’a représenté qu’environ 7 % de la croissance démographique totale liée à l’immigration en Suisse au cours des dix dernières années (2014 à 2023). La part des réfugié-es dans la population totale ne représente en outre que 2,5 %. Malgré cela, l’UDC en fait les boucs émissaires de tous les problèmes. Le fait est que la grande majorité des migrant-es viennent de l’UE en Suisse pour y travailler, par exemple dans les soins, la restauration et la construction.
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« L’immigration est responsable de la hausse des loyers et de la pénurie de logements »
Votre tante renchérit. Elle évoque les « problèmes réels » prétendument causés par l’immigration : la hausse des loyers et la pénurie de logements.
Le fait est qu’il y a aujourd’hui plus de logements vacants qu’avant l’introduction de la libre circulation totale des personnes en 2002. Le problème du coût élevé des logements réside plutôt dans le fait que l’immobilier est un secteur très lucratif. Dans les grandes villes en particulier, le prix des terrains ne cesse d’augmenter. Les particuliers et les géants de l’immobilier réalisent des profits considérables grâce au logement. Contrairement à ce que les dispositions légales exigeraient, les loyers ont explosé. Chaque ménage paie aujourd’hui 370 francs de trop par mois ! La raison : le lobby immobilier est très bien représenté au Parlement, notamment dans les rangs de l’UDC. Il empêche sans difficulté l’application du droit du bail. Une mesure permettrait de résoudre le problème : l’initiative sur les loyers, qui mettrait enfin un terme aux loyers abusifs.
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« Le PIB par habitant diminue en raison de l’immigration »
Votre oncle reprend la parole et vous vous demandez combien de fois on peut répéter une affirmation aussi manifestement fausse. Nous nous demandons exactement la même chose ! Voici la vérité : le PIB par habitant-e réel, corrigé de l’inflation, a augmenté de 25 % depuis l’introduction de la libre circulation des personnes. En chiffres absolus, nous sommes devenus en moyenne 15 000 francs plus riches. L’affirmation de votre oncle est donc tout simplement fausse.
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« À cause de l’immigration, les trains sont toujours bondés »
Votre oncle de droite commence à s’énerver, ses arguments ne tiennent pas la route — il ne lui reste plus que « l’infrastructure surchargée à cause de l’immigration ». Pendant les heures de pointe classiques, vers 8 heures et 17 heures, les transports publics et les routes atteignent effectivement des pics d’utilisation. En revanche, le taux d’occupation moyen des places assises dans les CFF est inférieur à 30 %. Il est donc plutôt nécessaire de prendre des mesures ciblées pour mieux répartir le comportement des client-es et d’investir dans l’amélioration des réseaux ferroviaires. Or, l’UDC est le premier parti à bloquer le développement des transports publics.
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« L’immigration pèse sur nos institutions sociales ! »
Votre tante tente à nouveau un argument classique. L’affirmation selon laquelle les étrangers surchargent nos hôpitaux et nos systèmes sociaux est très populaire dans les milieux de droite. Cependant, cette affirmation ne tient pas lorsqu’on la soumet à une analyse rigoureuse des faits. Les citoyen-nes des États membres de l’UE et de l’AELE contribuent à hauteur de 33 % aux cotisations AVS, mais ne perçoivent que 18,3 % des prestations. Sans immigration, nos systèmes sociaux se porteraient donc moins bien.
Détail piquant : lors de la campagne électorale de 2023, l’UDC a commandé une étude sur la charge que représentent les étranger-ères pour les hôpitaux et les services d’urgence. Résultat : « Avec une valeur de 508 francs, le coût net médian pour les assuré-es de nationalité suisse est 2,5 fois plus élevé que pour les assuré-es de nationalité étrangère. »
Même votre oncle de droite est maintenant sans voix et vous pouvez savourer votre délicieux repas en toute tranquillité.