« Nous n’avons plus les moyens de nous offrir un restaurant ou une sortie » : des retraité-es témoignent

En Suisse, les retraité-es ont perdu un mois de rente et doivent se priver. Le coupable ? L’augmentation des prix des loyers, des assurances-maladie et des denrées alimentaires. L’introduction d’une 13ème rente AVS doit permettre de compenser cette perte de pouvoir d’achat. « direct » a rencontré trois retraité-es pour comprendre ce que cela signifie au quotidien.

En Suisse, les retraité-es ont perdu un mois de rente et doivent se priver.

Les retraité-es ont perdu un moins de rente à cause de la hausse des prix des loyers, des assurances-maladie et des denrées alimentaires. Après avoir travaillé et cotisé pendant de nombreuses années, beaucoup de retraité-es doivent renoncer à une sortie avec leurs petits-enfants pour économiser. « direct » a rencontré Claude, Laurence et Ueli pour comprendre comment une 13ème rente AVS pourrait protéger leur pouvoir d’achat.

Claude Amy, 78 ans, mécanicien de précision à la retraite, Yverdon (VD)

Entré à l’usine à 16 ans, Claude Amy a travaillé toute sa vie dans la mécanique de précision. Des caméras de cinéma aux machines à écrire, il a vécu de près les évolutions techniques. « J’ai d’abord été victime des crises économiques, puis de mon âge. C’est pour cela que j’ai été licencié deux fois. »

Photo : LDD

Aujourd’hui à la retraite, Claude ne touche pas une rente AVS complète, car il n’a pas suffisamment cotisé au cours de sa vie. Sa rente AVS s’élève à 1780.- par mois et celle de son épouse à 1750.-. « S’il m’arrive quelque chose, mon épouse sombrera dans la précarité : sa rente du deuxième pilier est très basse. Comme c’est elle qui a élevé nos enfants, ses cotisations étaient très faibles. »

La hausse des prix, Claude et son épouse la ressentent de plein fouet. « Nous n’avons plus les moyens de nous offrir un restaurant ou une sortie. » Claude est heureux que ses petits-enfants soient déjà adultes et qu’ils travaillent : « Aujourd’hui, nous ne pourrions pas les emmener au zoo ou faire des excursions de ce genre avec eux. »

Pour s’en sortir financièrement, Claude et son épouse ont établi un budget. « Nous calculons à combien nous avons droit chaque jour et nous nous y tenons. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous en écarter ». Pour l’instant, Claude et son épouse ont pu conserver leur voiture. « Mais pour combien de temps ? ». Il craint que sans voiture, une autre partie de leur indépendance disparaisse et que leur participation à la vie sociale soit encore plus limitée.

Face à ces difficultés financières, Claude est résolument favorable à une 13ème rente AVS. « Je n’ai jamais vraiment fait de politique jusqu’à aujourd’hui, mais là il faut faire quelque chose. La richesse de la Suisse, ce sont celles et ceux qui travaillent : c’est inacceptable de ne pas les soutenir plus ! »

Laurence Müller, 67 ans, conductrice de bus à la retraite, Aproz (VS)

Comme beaucoup de femmes de sa génération, Laurence Müller a mis sa vie professionnelle entre parenthèses pour s’occuper de ses trois enfants. Au total, cela représente une dizaine d’années sans cotisation. Conséquence : elle a dû travailler à temps plein au-delà de l’âge de la retraite pour combler cette lacune. Aujourd’hui, Laurence Müller doit vivre avec à peine 2800 francs par mois, deuxième pilier compris. « Après avoir payé mon assurance-maladie, ma facture de téléphone, les charges de mon logement, il ne reste pas grand-chose pour la vie sociale ».

C’était différent lorsqu’elle était encore au volant de son bus. Laurence pouvait alors encore partir en vacances et s’offrir de temps en temps une excursion le week-end. Rien de luxueux, comme elle le dit, « mais des petits plaisirs qui rendent la vie plus agréable ». Ces activités sont devenues un lointain souvenir, l’inflation étant passée par là.

La hausse des prix des loyers, des assurances-maladie et des denrées alimentaires a un effet négatif sur la vie de la jeune retraitée : si la situation s’aggrave, elle devra reprendre le travail. « Pour l’instant je ne le fais pas. Mais en fonction de l’évolution, je devrai reprendre un peu de service et faire quelques remplacements derrière le volant. »

Une 13e rente AVS permettrait de compenser un peu l’augmentation des coûts de la vie quotidienne, espère-t-elle. « On ne pourra pas faire de miracles, mais un oui le 3 mars permettra peut-être protéger un peu le pouvoir d’achat des personnes à la retraite », conclut-elle.

Ueli Schärrer, 71 ans, facteur à la retraite, Jens (BE)

Une 13e rente AVS le soulagerait clairement, affirme Ueli Schärrer, facteur à la retraite. Elle lui permettrait par exemple de payer en grande partie ses impôts. « C’est d’ailleurs pour cela que le 13e mois de salaire a été introduit », ajoute-t-il. Pendant 30 ans, ce retraité de 71 ans a distribué le courrier à Bienne (BE). Ueli est constructeur de routes et maçon de formation, mais il a dû se reconvertir après un grave accident.

Photo : LDD

« Actuellement, je dispose de 3630 francs par mois provenant de l’AVS et de la caisse de pension », explique Ueli. Une fois le loyer et la prime d’assurance-maladie payés, il ne reste plus grand-chose, calcule-t-il. Et il n’a pas le droit de tomber malade. Il a une franchise de 2500 francs et une quote-part de 700 francs. Il ne pourrait pas y faire face.

Ueli loue avec sa partenaire Erika une petite maison dans un village agricole près de Bienne. Erika ne touche que 1900 francs de rente AVS par mois. En raison de son travail à temps partiel, elle n’a pas de rente d’une caisse de pension. Comme ils vivent tous les deux ensemble, leur rente cumulée est trop élevée pour qu’ils puissent bénéficier de prestations complémentaires.

« Si nous voulons aller manger ensemble, nous devons économiser cet argent sur une autre dépense », nous explique Ueli. Il en va de même pour les vacances : cette année encore, leurs économies devraient suffire. Le couple aimerait passer quelques jours en Toscane à l’automne. Mais avec le renchérissement, l’argent se fait déjà de plus en plus rare. Pour réduire les coûts de l’alimentation, il envisage de cultiver un potager.

Pour Ueli, le fait que tout le monde perçoive une 13ème rente AVS ne remet pas en cause le projet : « L’AVS est une assurance solidaire : celles et ceux qui perçoivent de hauts salaires cotisent plus que ce qu’ils reçoivent à la retraite. » Il s’étonne aussi de la manière dont on parle des retraité-es dans le cadre de la campagne : « On fait comme si beaucoup d’entre nous étaient riches, alors que c’est loin d’être le cas. »

 

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