La semaine de 4 jours est instaurée dans de plus en plus d’entreprises dans le monde, et également en Suisse. Cette tendance n’est pourtant pas nouvelle : « La semaine de 4 jours s’inscrit dans la lutte historique que le mouvement ouvrier et syndical mène depuis près de 200 ans pour la réduction du temps de travail », explique Jean-Claude Rennwald. En effet, on travaillait plus de 80 h par semaine au XIXe siècle dans les pays industrialisés et, depuis, la durée de travail a été divisée par deux. Cela a évidemment permis de protéger la santé de nombreux-ses employé-es.
L’égalité et le climat gagnants
Outre le bien-être des employé-es, Jean-Claude Rennwald soutient que la semaine de 4 jours a de nombreux avantages. Elle permet une meilleure répartie du travail de « care » entre les hommes et les femmes. En effet, si les hommes réduisent leur temps de travail, cela leur permettrait d’avoir plus de temps pour s’occuper des enfants et ainsi réduire la charge du travail de « care » qui repose encore principalement sur les femmes. Mais Jean-Claude Rennwald met tout de même en garde : « il faut être conscient-e qu’il n’y a pas de mécanisme automatique entre la baisse du taux de travail et l’égalité dans le partage des tâches. »
Le passage d’une semaine de 5 jours à 4 jours peut aussi avoir des effets positifs sur le climat. En effet, cela réduirait les émissions carbone des voitures utilisées par les personnes pour se rendre sur leur lieu de travail. Actuellement, le transport motorisé de personnes est à l’origine d’un tiers des émissions de CO2 en Suisse. Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 (désormais inscrit dans la loi suisse), le trafic motorisé doit donc être réduit.
Mise en place concrète et maintien intégral des bas salaires
Pour mettre en place la semaine de 4 jours, Jean-Claude Rennwald est favorable à l’action par les conventions collectives de travail. Il faut également promouvoir la syndicalisation des personnes pour pouvoir créer un meilleur rapport de force : « il est possible d’avoir une solution nationale légale, mais cela passera d’abord par un certain nombre d’avancées et de tests dans certaines branches et entreprises », explique Jean-Claude Rennwald.
Concernant les salaires, Jean-Claude Rennwald propose une solution nuancée, contrairement à la France, par exemple, qui maintient les mêmes salaires. Jean-Claude Rennwald préconise le maintien intégral des bas salaires, mais aucune compensation pour les hauts salaires : « cette proposition nuancée montre à certaines entreprises et à leurs dirigeant-es qu’il y a un certain réalisme dans la semaine de 4 jours », argumente-t-il.
Du chemin à faire en Suisse
En Suisse, la situation stagne depuis plusieurs décennies et ne semble pas vouloir évoluer. Durant son mandat au Conseil national (1996-2011), Jean-Claude Rennwald a lancé deux initiatives parlementaires pour la semaine de 4 jours, toutes deux balayées par la majorité bourgeoise. Récemment encore, la conseillère aux États Mathilde Crevoisier Crelier (JU) a déposé une motion dans ce sens qui a été rapidement rejetée. Selon Jean-Claude Rennwald, ces refus montrent que « l’idéologie du travail est très forte en Suisse », mais il ne perd pas espoir en concluant que « les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain. »